Albert Moine à Dijon en 1974 |
Louis Albert Moine est né à Beaune en 1909, fils unique de Claude Moine, et de Marie Martin. Ses parents étaient respectivement valet de chambre et femme de chambre de la maison de Pierre de Besancenet de Morfontaine. Ce dernier, militaire de carrière, était le fils de l’écrivain Alfred de Besancenet, défenseur des valeurs catholiques traditionnelles, auteur d’une biographie très critique de Darwin, d’une biographie du général de Dommartin et d’autres chroniques historiques, écrivain de renom en son temps. Pierre de Besancenet qui n’avait pas d’enfant apporta un soin particulier à l’éducation du petit Albert. Celui-ci suivit l’enseignement primaire jusqu’au brevet élémentaire, puis obtint une qualification comme dessinateur industriel, et fit ensuite son service militaire au Maroc, où grâce aux recommandations de Pierre de Besancenet, il fut topographe dans l’Atlas en 1931. Pierre de Besancenet lui fera don de sa bibliothèque, en particulier les 20 volumes de « L’histoire du Consulat et de l’Empire » de Thiers, qu’il utilisera pour sa thèse.
Inscrit au patronage Sainte-Germaine de
Bar-sur-Aube, il participe à la société de gymnastique « La jeune
garde » où il se distingue par ses capacités sportives. Le sport sera
jusqu’à sa mort un élément essentiel de sa vie. Il animera aux usines Terrot à
Dijon le club de gymnastique. Il sera champion de Bourgogne d’haltérophilie, il
se passionnera ensuite pour le body-building où il sera membre du jury dans des
concours de beauté plastique. Il réalisera chez lui, dans son garage, une salle
d’entraînement avec des agrès (anneaux, barres parallèles) et instruments de
musculation qu’il réalisera lui-même grâce à ses connaissances en dessin
industriel. Il s’y entraînera tous les soirs avec son groupe d’amis.
Sa profession de dessinateur industriel l’amène des Moteurs
Cérès à Bar-sur-Aube aux usines Terrot à Dijon où il dessine des moteurs de
motocyclette. Il entre ensuite à l’usine Parvex à Dijon également, où il se
familiarise avec des moteurs électriques pour machines à coudre et machines à
laver. Son parcours le mènera au bureau des méthodes où il sera responsable de
l’organisation scientifique du travail, après un diplôme obtenu auprès du BTE
(Bureau des Temps Elémentaires). Il sera ensuite chef des achats, puis
ingénieur de sécurité. Il prendra sa retraite à 65 ans.
Il s’était marié en 1935 avec Gisèle Ménétrier avec
qui il eut un fils unique, Pierre. Pierre fit des études secondaires au Lycée
Carnot de Dijon, et notamment des études de russe à partir de la 4ème,
pendant 7 ans jusqu’aux classes préparatoires. Le professeur de russe de Pierre
fut Maurice Colin, qui devint ensuite professeur à l’université de Dijon, on
lui doit une traduction commentée des fables de Krylov. Maurice Colin fut le
professeur de russe d’Albert Moine. Le russe est enseigné dans l’enseignement
secondaire français depuis 1957, année du premier Spoutnik, puis encouragé par le
général de Gaulle, qui lança en 1959 l’idée d’une Europe « de l’Atlantique
à l’Oural ».
Encouragé par l’exemple de son fils, Albert Moine
entreprit à l’âge de 55 ans des études supérieures à l’université de Dijon,
dans le but d’apprendre la langue russe. Il lui fallut d’abord passer l’examen
spécial d’entrée à l’université car il n’était pas titulaire du baccalauréat,
n’ayant fait que la scolarité primaire jusqu’au brevet. Il fut ensuite l’élève
de Maurice Colin, puis de Charles Corbet, auteur de plusieurs livres sur la
littérature russe (cité dans cette thèse).
Il eut pour compagnon d’études le docteur Marcel
Caron, professeur agrégé de médecine à l’hôpital du Bocage à Dijon. Marcel
Caron fit une thèse sur Tchékhov[1] sous
la direction du professeur Robert Triomphe de l’université de Strasbourg.
Remarquons que la bibliothèque municipale de Dijon est riche d’un fonds de 2900
ouvrages en langue russe ou consacrés à la Russie appelé fonds Legras du nom de
son donateur Jules Legras, professeur de littérature russe à la Sorbonne.
Albert Moine présenta sa thèse sur « La guerre
et la paix » en 1974, à l’université des Lettres et Sciences humaines de
Strasbourg (actuellement Université de Strasbourg). Il explique sa démarche
dans l’exposé qui suit.
Pierre Moine (fils d'Albert).
[1]
L’influence de la formation médico-scientifique sur les sujets, les idées et
l’art de Tchékhov (Strasbourg, 1972).
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